Quid de l’identité nationale ?

Au-delà du caractère officiel de ce qui fait l’identité nationale, à savoir l’obtention administrative de la nationalité française, la question est aujourd’hui posée par le gouvernement de ce qui constitue l’identité nationale. La notion d’identité nationale peut être approchée par le formule suivante : c’est le sentiment, l’impression de partager assez de points communs avec l’ensemble des citoyens qui constituent une nation.

Le choix et la définition de ces points communs sont donc une délicate tâche et je choisis de mettre en évidence 3 chapitres :

  • la langue
  • la culture
  • les pratiques sociales

La langue

C’est à mon sens la base de ce qui constitue l’un des trois piliers de l’identité nationale. C’est évidemment en premier lieu sa pratique – la lecture, l’écriture, le parlé – mais aussi ce qu’elle implique. Penchons nous de plus près sur l’origine de la langue française. Elle n’est pas, paradoxalement, comme dans la plupart des nations européennes, à l’origine de la nation française. En effet, chacun sait qu’étaient pratiquées a minima la langue d’oc et la langue d’oil dans les royaumes de France successifs. La langue française sera imposée par l’Ile de France à toutes les provinces.

Passé cette information historique, le français est une langue qui répond à une syntaxe et une grammaire particulières que l’on retrouve dans toutes les langues latines, de l’italien à l’espagnol en passant par le roumain. Cette structuration du langage structure de fait une façon de raisonner et d’intellectualiser notre environnement. La différence est par exemple frappante avec les civilisations dont la langue fédératrice est anglo-saxone ; j’en veux pour preuve les incompréhensions récurrentes dans les relations commerciales entre la France et les Etats-Unis ou l’Angleterre. On caractérise souvent ces différences par un adage qui dit peu ou prou que « l’entreprise latine est pleine de créativité, l’entreprise anglo-saxone est pleine d’efficacité ! » dont acte…

Bref, ces caractéristiques linguistiques participent à la constitution de notre identité nationale au même titre qu’elles sont indissociables de la notion de culture.

La culture

La culture française est dite judéo-chrétienne, elle est le fruit de plusieurs millénaires d’histoire. Cette histoire est marquée par des éléments fortement identitaires liés à la chrétienté et au développement des religions du livre en Europe. En effet, les dynasties des royaumes de Gaule puis de France, depuis 496 précisément et le baptême de Clovis sont toutes sans exception chrétiennes. La couronne de ce qui deviendra la France est alors la seule dans le monde connu à être portée par un roi chrétien catholique. Suite à cet évènement majeur de l’histoire de France, il faut attendre 1905 pour officiellement séparer l’Eglise et l’Etat. Inutile de préciser que 1409 années de tradition chrétienne aux plus hautes fonctions de l’Etat laisse d’indélébiles traces dans la mémoire collective.

Et c’est justement sur cette mémoire collective que se construit une culture. On garde par exemple « en mémoire », comme le dit si bien l’expression, une forte tradition culinaire en France. D’autres faits marquants, décorélés de toute spiritualité rentrent dans la mémoire collective : la Renaissance, la Révolution Française, l’ère industrielle… Tous ces moments constituent un patrimoine historique qui participe, chacun à sa mesure et à l’aune de son impact sur la vie des français, à la constitution de la culture française.

D’autre part, nombre de ces évènements, et plus encore leurs conséquences, ont modelé les pratiques sociales françaises.

Les pratiques sociales

Sans rentrer dans les détails ni en proposer une liste exhaustive, les pratiques sociales françaises sont intimement liées à notre culture.

La notion de solidarité par exemple est directement issue d’un précepte chrétien qui a trouvé nombre d’occasions de s’exprimer au travers des crises majeures que la France a traversé durant son histoire : épidémies massives, famines, guerres et autres calamités. Inutile de préciser que la notion de solidarité n’est pas une exclusivité française, mais en revanche, force est de constater que l’apparition de la solidarité dans la culture française et son contexte particulier est tout à fait singulière.

Dans le cadre des pratiques sociales, on trouve l’ensemble des évènements de la vie quotidienne comme le repas autour d’une table, les éléments du calendrier (souvent liés à des notions chrétiennes), la conception traditionnelle de la famille, les organisations autour de centres d’intérêts (la France est le pays au monde qui compte le plus d’associations en tous genres à but non lucratif), le système politique démocratique et son pendant le scrutin. C’est un ensemble d’actions significatives pour certaines, anodines et quotidiennes pour d’autres qui font que où que l’on soit en France, les « codes » culturels sont globalement connus et ne demandent finalement que quelques ajustements mineurs pour être reconnus et vivre sont identité nationale française.

Ces trois points communs rapidement développés sont à mon sens une base acceptable et non sectaire de constitution de l’identité nationale française. Il n’est demandé à personne de les « respecter » comme ils ne sont, dieu merci, pas élevés au rang de loi et sont des indicateurs. En revanche, il me paraît indispensable et incontournable que toute personne vivant en France soit en mesure de partager tout ou partie de ces éléments dans la cadre d’une démarche active d’appartenance à l’identité nationale.

Il ne faut pas en déduire que celui ou celle qui ne ressent ni n’a l’impression de partager ces points communs n’est pas le bienvenu en France, il faut juste penser qu’il ou elle n’est pas prêt à s’identifier à la nation française, ce qui lui laisse tout loisir de vivre en France en respectant l’ensemble linguistique, culturel et de pratiques sociales du pays dans lequel il ou elle s’installe. Je reste cependant convaincu que la langue reste un passage obligatoire pour s’établir dans un pays quel qu’il soit ; et c’est un terrible handicap que de ne pas la lire, l’écrire ou tout au moins la parler.

De fait, celui qui s’identifie à la nation française peut être fier de porter en lui un bagage linguistique, culturel et social fort. J’entends çà et là dire, essentiellement par des « intellectuels de gauche » (l’expression est de ces mêmes intellectuels… tout un programme !), que le sentiment de fierté nationale s’apparente au pire à du fascisme, au mieux à se poser  la question de ce dont on peut être fier… Je suis atterré par ce type de propos et n’apprécie que très moyennement la catégorisation qui ostracise celui qui est fier de sa nation !

La question du choc des cultures lié à l’immigration issue de pays de cultures et de religions très diverses se pose immanquablement. Je considère la France comme un pays ouvert et tolérant et je revendique notre tradition d’accueil et d’intégration de quiconque souhaite y faire sa vie. Mais à nouveau, il faut a minima accepter la France telle qu’elle est, avec ses valeurs, ses traditions, son histoire et son modèle social. Je crois sincèrement qu’il est fondamental de garantir à chacun la liberté de son choix de vie et de son choix de spiritualité, fondamental pour la France d’assurer et de garantir cette liberté qui est celle de la République par essence. De même qu’il est fondamental, et c’est écrit dans la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, de ne nuire à personne par l’usage de sa propre liberté. Ma position est donc très claire sur ce sujet : dans le respect de la France, tout le monde est le bienvenu !

D’autre part, je suis rassuré par un certain nombre de sondages qui ont été commandés récemment par divers instituts sur le sujet de l’identité nationale. L’un d’entre eux (CSA, novembre 2009) demande aux français quels sont les éléments constitutifs de l’identité nationale, en voici le résultat dans l’ordre :

  • la langue
  • la République
  • le drapeau
  • la laïcité
  • les services publics

Au regard de ce résultat, je ne peux que m’étonner des réactions passionnées et faisant appel aux vieux ressorts de la peur et du racisme dont se gargarisent une partie du monde politique, artistique et intellectuel.

Les français eux ne se trompent pas de question et proposent spontanément des éléments objectifs, détachés de spiritualité et loin de toute radicalisation du sentiment de peur de l’étranger. Et je confirme que le sens commun de mes concitoyens correspond bien à ma position sur le sujet : on peut être français, fier de l’être, sans pour autant cristalliser des peurs et faire renaître de vieux démons malsains et nauséabonds.

Je tiens d’ailleurs à rappeler à cette occasion que le débat lié à l’identité nationale n’est pas une première dans l’histoire de la France et l’on peut citer par exemple à ce sujet la Révolution Française, l’affaire Dreyfus ou encore la fin de la colonisation. Ces trois moments pour ne citer qu’eux ont porté le débat de manière bien plus passionnée et avec des accents plus dramatiques que celui qui nous occupe aujourd’hui en apportant qui plus est des réponses assez similaires que celles que je présente dans cet article : l’adhésion à l’identité nationale française se fait par le sentiment et l’impression de partager suffisamment de points communs pour se sentir en accord avec la nation au sein de laquelle nous décidons de vivre.

Pour rappel, la France est une République et ses valeurs sont résumées par les mots que sont : liberté, égalité et fraternité. La liberté a pour principe la nature, pour règle la justice et pour sauvegarde la loi ; dans cette dimension, il devient simple de comprendre que la plus haute forme de liberté est la responsabilité. Victor Hugo nous rappelle à ce sujet que « Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité ». Que voulons nous ? Vivre dans un pays comme des assistés à perpétuité ? Ne pas être capables d’assumer les chances qui nous sont données ? Alors soyons libres en France, soyons responsables !

5 réflexions sur “Quid de l’identité nationale ?

  1. Tout à fait d’accord avec ton article.
    Tu vois que tu sais définir l’identité nationale et le fait d’être Français sans que cela soit dangereux.
    C’est positif tout çà !

    A+.

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