Si Lyon obtient la mention bien de la part de la Fondation Abbé Pierre, il faut tout de même relativiser ce satisfecit. En effet, si les chiffres sont en ligne avec les objectifs de la loi SRU, la localisation des logements sociaux est plus que critiquable.
La réalité de la société lyonnaise veut que l’on ne laisse personne sur le bord du chemin et il faut tendre la main à toutes les personnes en détresse ou en difficulté. Pour ce faire, il faut être ambitieux sur les dispositifs, dont le logement fait éminemment partie, mais il faut aussi être cohérent et raisonnable.
L’accumulation de concentrations fortes de logements sociaux nuit cruellement au sentiment d’appartenance à la société. Ces concentrations finalement stigmatisent plus qu’elles ne permettent de se sentir « comme tout le monde ». J’échange régulièrement avec les habitants des logements sociaux de mon arrondissement qui n’ont de cesse de mettre en avant cet argument.
Prenant pour exemple le 6e arrondissement, les pouvoirs publics continuent à concentrer arbitrairement les logements sociaux dans des secteurs géographiques extrêmement ciblés (à côté de la place El Maleh par exemple).
D’autre part, les prix consentis par les pouvoirs publics pour acquérir des immeubles place Mal Lyautey ou avenue Foch sont déraisonnables et déconnectés des réalités économiques. Cela ressemble plus à une volonté politique de dire « regardez, on fait du social partout ! »
Que l’on fasse du social partout ne me dérange pas, bien au contraire, mais il faut le faire à des niveaux raisonnables avec autre chose que des visées purement électorales.
L’objectif de construction de logements sociaux ne peut en aucun cas se résumer à l’atteinte d’un chiffre avancé de façon plus ou moins hasardeuse dans le cadre de promesses de campagne. Cela demande une réflexion stratégique qui intègre une donnée majeure : ce sont des gens qui vivent dans les logements sociaux, qui plus est des gens en situation de fragilité !
Thierry Mouillac - Back to normal life 